Et si on cohexistait ? — Doyenné Haubourdin Weppes

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Doyenné Haubourdin Weppes <span>Diocèse de Lille</span>
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Et si on cohexistait ?

Depuis maintenant dix années, « Débats en Weppes » organise 3 ou 4 rencontres sur des sujets d’actualité. Ce 19 octobre, pour notre 33ième rencontre, nous accueillons Samuel Grzybowski. Notre fil rouge, cette année, est le « vivre ensemble » avec une intervention de Thérèse Lebrun sur la santé (sera-t-elle à deux vitesses ?), Jérôme Vignon sur les migrations puis Alain Bocquet et Denis Vinckier sur le désamour des citoyens envers les « politiques ». Aujourd’hui, il s’agit du « vivre ensemble interreligieux. »

Samuel a 24 ans. Il a commencé très jeune à se poser des questions sur la coexistence des religions, au point de créer en janvier 2009, l’association « Coexister ». Celle-ci se donne comme objectif d’échanger en petite équipe de croyances diverses sur des questions religieuses pour se connaître et de mener des actions de solidarité ensemble, la première ayant été une collecte de sang ! « Diversité des convictions et unité dans l’action » ! A noter que le fait de s’exprimer sur sa foi la conforte car chacun doit témoigner de ce qui la fonde.

En 2012, Samuel effectue un tour du monde d’une année avec un jeune juif, un musulman et un athée. Ils se fixent un but : recenser dans une soixantaine de pays des actions tendant à faire agir ensemble des jeunes de croyances différentes. En un an, ils en collectionneront environ 400 !!! Quelques exemples d’expériences recueillies lors du tour du monde :

-          Une rencontre avec des responsables de Srébrénitza (Serbie) où 8000 musulmans ont été massacrés par des chrétiens et où la cité revit parce que les deux communautés agissent ensemble.

-          A Naïrobi, ou des tensions entre chrétiens et musulmans sont fortes, un groupe de femmes seules avec enfant(s) décident de mettre en commun ce qui est dit dans l’évangile et le coran qui puisse leur redonner espoir dans leur situation.

              Aujourd’hui, l’association « Coexister » est forte de 2000 membres dans 400 groupes et elle a essaimé dans plusieurs pays européens. Chacun de ces groupes de jeunes (moins de 35 ans) se réunit pour échanger pour mieux se connaître dans ses convictions et d’autre part pour organiser des actions solidaires. Ces groupes sont souvent appelés à témoigner sur leur objectif de vivre ensemble dans des établissements scolaires et leur témoignage est reçu parce qu’ils agissent ensemble ! En un an, Ils ont ainsi rencontré environ 25 000 jeunes. Souvent, dans une classe, la rencontre permet de montrer que nous portons tous des stéréotypes sur ceux qui ne croient pas comme nous et cette perception fait bouger l’approche des autres.

              Dans une dernière partie de son intervention, Samuel nous présente l’entreprise qu’il a créée, CONVIVENCIA, qui a la structure d’entreprise sociale et solidaire. Son objet est de lutter contre le communautarisme en intervenant dans les entreprises privées ou publiques. Il constate que bien des problèmes surgissent par manque de formation sur les religions (en particulier à l’école) et promeut une attitude qui mutualise les valeurs communes aux religions plutôt qu’une insistance sur les différences ; passer « de malgré nos différences » à « grâce à nos différences » !!  L’objectif est finalement d’assumer les tensions entre différence et convergence, communauté et singularité,…

 

              Quelques points saillants de cette rencontre très riche :

-          L’objectif des échanges dans les groupes de jeunes n’est pas de convaincre mais de faire comprendre les moteurs de l’action que l’on trouve dans sa foi ou sa croyance. Ainsi, Victor, athée, « s’est converti » selon Samuel, non pas qu’il ais changé de croyance, mais il a compris ce qui, dans une Foi religieuse, peut être moteur de vie, alors qu’il considérait les religions comme essentiellement réactionnaires et conservatrices.

-          Les jeunes rencontrés dans les lycées et collèges sont marqués par leurs interventions parce que les membres de « Coexister » agissent aussi ensemble (ce n’est pas du baratin !).

-          Un constat : dans toutes les religions et les systèmes de croyances, il y a une règle d’or commune : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse ». A partir de cela, il est possible d’agir ensemble !

-          Samuel s’est dit frappé par le grand nombre d’actions positives menées dans l’interreligieux alors que rien n’en ressort dans la presse : les journalistes (et leurs lecteurs) préfèreraient-ils les attentats et les édifices religieux brulés ?

-          Lors d’une rencontre le Pape François les a encouragés à rechercher à s’engager dans l’intergénérationnel, car, dit-il, «  la sagesse peut venir de la créativité et du dynamisme de la jeunesse alliée à l’expérience de l’âge mûr ! ».

-          A noter enfin la motivation des 5 jeunes femmes, représentantes du groupe « Coexister » à Lille, qui ont tenu à témoigner au cours de cette soirée.

 

Gaston Vandecandelaere (21/10/2016)

Vous pouvez visionner le documentaire intégrale de l'association cohexister en cliquant ici